Voici un texte écrit dans le cadre des Plumes d’Asphodèle. J’ai beaucoup aimé m’y coller, même si cet exercice, très nouveau pour moi, m’a déconcertée… J’ai eu du mal à me lancer, et puis, finalement, j’ai eu la sensation de ne rien décider de ce qui se passait sous mes doigts, sur le clavier. Je ne sais pas trop quoi penser de cet écrit, c’est si différent de ma manière habituelle de travailler… Mais c’est une expérience riche, et je recommencerai, c’est sûr ! Merci à Fred Milli et à Carnets Paresseux de m’avoir encouragée à participer à ce défi.
Le ciel est sublime, ce matin, blanc et lumineux sur l’horizon, encore étoilé dans les profondeurs ténébreuses si je lève les yeux. Pourtant, je regarde mes pompes. Obstinément. Et entre mes pompes mon vomi étalé. Les fesses posées sur le rebord du trottoir, je cherche désespérément à gagner du temps sur le jour pour sortir de ce voyage qui promettait d’être voluptueux, et qui me laisse un goût amer d’ivresse incontrôlée. Rien compris. Depuis mon arrivée dans ce pavillon de banlieue où la fête battait son plein, où les chansons beuglantes du moment me broyaient les oreilles, où la solitude de chacun cherchait à échapper au silence d’une vie vide de sens, je n’ai fait que subir l’épuisante sarabande des événements. J’en ai le tournis, les visages qui se suivent devant moi et rient si fort leur désespoir, le bruit, la fureur, la bêtise, l’éternel recommencement de ces soirées de merde, prologue à la mort qu’on redoute et qui nous guette. Boire, boire encore, et danser comme on se noie, boire plus fort et cesser de rêver, boire enfin pour sombrer dans un sommeil hargneux qui n’a que le mérite de chasser les insomnies sans jamais nous ressourcer. Pourquoi j’y vais ? Pourquoi j’y cours, sachant chaque fois que la chute sera plus rude, qu’aucun salut ne m’y attend, que le passeur chauve et son chat miteux me prendront comme les autres, me traîneront jusqu’à l’autre rive, et que je n’aurais jamais connu que le vol entravé des losers de comptoirs. Je délire. Je divague. Je patauge. Sauvez-moi.
Les mots imposés :
Vol, chat, transfigurer, chauve*, blanc, solitude, silence, matin, se ressourcer, ivresse, ténébreux, épuisant, insomnie, étoilé, fête, rêver, sommeil, voyage, chanson, fesse, recommencement, voluptueux, sarabande, passeur, prologue, pavillon.
Dis donc, tu prends goût à l’écriture…
ça stimule, les lendemains de biture !
Ah tu fais des devoirs d’école
avec certains degrés d’alcool ?
C’est pas joli-joli
de patauger dans son vomi…
Enfin, pour l’écritoire,
voila la question : boire ou ne pas boire ?
Vider le calice jusqu’à la lie
( to be or not to be ),
avoir dans la bouche un goût de fiel…
… le lendemain, les questions existentielles…
Comme ça, la rédaction
ça fait un sujet d’conversation … !
Allez n’sois pas amère !
Viens, ——– on va prendre un verre !
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Je regarde les contraites d’écriture, lis ton texte… Tu as vraiment beaucoup de talent, Camille. Un style, un univers même. Toujours un plaisir de te lire, jusque dans le thème de cette nausée de soi. Bravo. Fan.
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Voilà bien un commentaire pour me réchauffer l’âme… Merci, Stéphane, j’en avais justement bien besoin !
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Bravo. Tu t’es bien sortie de l’exercice… La fêtarde qui est en toi s’est-elle exprimée ? 😉
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Je n’aime de la fête que les sourires, comme tout un chacun ! Les petits matins déprimés, on les fuit comme la peste… les soirs aussi d’ailleurs. Et les après midis… Merci d’être là, Marc !
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A la réflexion, c’est vrai que parfois on n’est plus maître de notre écriture avec ces mots imposés quasi diaboliques 😆
Déconcertée par l’exercice, certes, mais tu as su nous plonger dans cet univers des gens qui essaient d’échapper à leur vie vide en se remplissant d’alcool…
Déconcertant sûrement ton texte qui crie une épouvantable vérité.
Tu as bien fait de te laisser entraîner par tes @minautes 😉
Bonne semaine
@ bientôt pour d’autres Plumes
Bises de Lyon
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Merci, Soene, à très bientôt, oui : je crois que je vais me laisser entraîner encore… Ces messieurs sont très convaincants, un brin flatteurs, ce qui est toujours bon pour l’ego, n’est-ce pas ? 😉
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J’ai oublié de cocher certaines cases, je recommence ! 😀
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Pour une première aux Plumes (mais je vois que tu écris beaucoup) c’est un essai transformé avec le désenchantement qui arrive fatalement, même si on sait comment ça va finir, l’absurde nous rattrape… Les mots imposés ont cela de particulier qu’on ne sait jamais où ils nous emmènent, nous partons souvent sur une idée et c’est autre chose qui s’impose, ça fait travailler la créativité ! 😀 Je remercie le Paresseux et Fred-Jc-Choupi de t’avoir convaincue, c’est vraiment bien ! Je repasserai lire tes autres textes dès que j’aurais un peu plus de temps ! déjà là il m’a fallu deux jours pour lire les 27 participations !!! 😉
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C’est vrai, je me suis laissée embarquée dans ce texte que je n’ai pas pressenti, je l’ai écrit d’un bout à l’autre en me disant que je ne voulais pas aller vers ça, que je laissais faire mais que je ne proposerai pas ça pour ton défi, et puis le temps passe vite (4 jours !), et je me suis dit Yo ! Ce sera comme ça : loin d’etre ce que j’aurais voulu, mais contrainte respectée et timing ok… merci de m’accueillir, et à bientôt.
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Un texte très surprenant 🙂
On part sur du bucolique et puis vlan voilà une dure réalité qui rattrape ton personnage 🙂
Très réussie et crédible cette sarabande d’émotions …
Bon dimanche 🙂
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Surprenant même pour moi, c’est dire ! Merci, Valentyne.
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Excellent, ça sent le vécu et on s’y reconnait tous…un peu.
Bon dimanche
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Zeus m’en préserve ! 😉
Bon dimanche à toi aussi, et merci d’être passée…
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Pour une première fois, du moins un premier écrit aux Plumes, c’est bien dit ! Y’a plus qu’à cirer les pompes ! ha ah a h!!!!
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😀
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J’aime. Très reussi.
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Aussi vrais que nature, ces matins blêmes qui nous renvoient à notre quête de non-solitude, de non-déréliction. (Comme les non-anniversaires). Tu me plais, quand tu dis quand tu dis que tu viens de vivre une riche expérience en te laissant porter et en laissant porter te doigts sur le clavier. C’est ainsi que je ressens, chaque semaine, ces moments d’écriture.
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C’est vrai que je pourrais bien y prendre goût…
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Tu as eu raison de t’y coller et c’est une réussite.
L’avantage de cet exercice est qu’effectivement tu peux découvrir d’autres facettes.
Une violence dans ce texte que je n’ai pas encore trouvée chez Chloé, mais qui sait !
Bravo.
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Merci, je suis contente de voir que ce texte plaît, même si je reste convaincue d’avoir fait un truc un peu poussif… Mais comme dit Carnets Paresseux, on n’est pas forcément le meilleur lecteur pour nous-même… C’est vrai que je suis très tendre, voire légère dans Chloé, mais je peux être féroce et j’adore ça. Certaines de mes nouvelles sont assez brutales (je pense à « Tire-toi ! », par exemple, ou bien « A jamais », tu y découvriras une autre Camille si le cœur t’en dit…).
A bientôt, Jean-Charles ! J’ai hâte d’avoir un peu de temps devant moi pour aller lire ce que ça a donné chez vouzot !
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Ah les petits matins frileux où l’on contemple sa médiocrité dans une flaque de vomi…
En tous cas, ton texte ne l’est pas, médiocre. C’est un joli essai transformé !
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Merci beaucoup, j’était tellement partie pour un tout autre texte, que je suis encore toute surprise du résultat. L’urgence de l’écriture, l’oeil bloqué sur les mots imposés, c’était vraiment très curieux, et très enthousiasmant. Merci d’être passée !
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Un beau texte. Tu as très bien analysé les sentiments de désespoir, d’absurdité et de vide ressentis par ton personnage.
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Merci beaucoup, c’était une drôle d’expérience, cette écriture rapide et contrainte, j’ai beaucoup aimé. A bientôt !
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Un texte que j’aime et qui nous convoque tous,à mon avis,par ces matins plus que désenchantés que l’on a tous plus ou moins connus.J’aime.
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Merci !
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