J’ai la chance, l’immense chance, de pouvoir prendre chaque année un abonnement dans une scène nationale proche de chez moi, et de préparer ainsi la saison à venir en choisissant dès juillet la dizaine de spectacles que je vais voir. A ce moment là, je choisis avec minutie, il y en a plein, je voudrais les voir tous, mais… Donc, déjà, une dizaine c’est grand luxe, et je m’applique. Ensuite, l’année commence, et je me rends à ces spectacles « nue ». Je veux dire que je ne relis jamais les présentations, je ne vais pas voir sur internet, je ne prends même pas la plaquette qu’on nous distribue à l’entrée. Je ne veux pas, je veux arriver sans idée préconçue, je sais vaguement si ce sera du cirque, de la danse, ou du théâtre, mais c’est tout.
Le Ballet Prelcojac présentait hier soir son « Retour à Berratham », d’après un roman de Laurent Mauvignier. Et j’y étais. J’y suis toujours, je pense, j’ai du mal à en sortir, à en revenir, à m’en extraire. L’impression d’avoir été prise à la gorge… J’ai été happée par la puissance du texte, de la chorégraphie sublime d’Angelin Prelcojac (qui décidément ne vole pas sa réputation…). Le texte, porté par trois comédiens, est la musique sur laquelle les danseurs évoluent, c’est très puissant, très intense.
Si intense que quand la lumière s’éteint, que les applaudissements démarrent, je m’affole : attendez, j’ai pas tout vu, j’ai pas tout pris, review please, il me manque des bouts, c’était trop fort, c’était trop vite, attendez, attendez, revenez, reprenez au début, s’il vous plaît !
Comme lorsque le roman qu’on est en train de lire est si dense, si riche, qu’on le pose de temps en temps sur ses genoux pour l’ingérer tranquille, récréation, aération, respiration, avant de reprendre la course des yeux sur les lignes et des émotions qui nous valdinguent. Là, ça fuse, et ça m’a laissé sur les genoux, haletante et interdite, légèrement frustrée, étourdie. C’est dur, profond, extrêmement noir, presque violent, de cette violence toute en lenteur qui nous affole encore plus, c’est plombant, c’est… magnifique. Allez-y…
Il a a très longtemps, une salle de spectacle près de chez moi offrait une soirée gratuite chaque vendredi. J’y allais sans savoir ce qu’on allait voir, et c’était comme tu dis d’arriver sans rien savoir augmentait encore la surprise (et la joie quand c’était bien). SInon, c’est pas Preljocaj le danseur ?? (http://www.preljocaj.org/). Tu veux pas que l’attaché de presse de la compagnie sache que tu as adoré ? 🙂
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Oui, c’est lui. Oh, il est déjà une star de la danse, je pense que mon avis, même si enthousiasmé, lui fera une belle jambe (de danseur) mais si tu le connais personnellement, tu peux transmettre ! 😉
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Tu le connais ?
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Beuh non ; j’ai croisé une fois Lavilliers dans un bar sans le reconnaitre ; voilà à quoi se résument mes contacts avec le monde du spectacle vivant 🙂
(si on excepte trois copains qui font tourner des ballons sur leur nez)
mais sur le site de la cie, tu dois avoir un mail pour le contacter :))
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Tout pareil ! 😉
Oui, je vais voir ça, pourquoi pas…
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Ah cet enthousiasme, qu’il est bon, qu’il est porteur même à la lecture, qu’il donne envie. Et je le ressens d’autant plus que je suis loin d’avoir vécu pareil enthousiasme pour un spectacle que j’ai vu hier.
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Oui, ça arrive aussi… mais il faut se dire que voir des mauvais spectacle, ou en tout cas qu’on juge mauvais, permet d’affiner son sens critique. C’est très important aussi !
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Tout à fait, je me demande parfois si je ne suis pas trop bon public, et finalement, c’est rassurant de voir que tout ne me plait pas.
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