Tout ce chemin qu’il reste à faire…

L’autre jour, en classe, on parlait Droits de la Femme, et un souvenir ancien m’est revenu que je m’en vais vous narrer de ce pas. Quoi, ça vous étonne qu’on parle Droits de la Femme en CE1-CE2 ? Y’a pas d’raisons, parce que y’a pas d’âge. Je ne leur ai pas balancé une séance coup de poing sur le sujet, n’allez pas croire, il s’agissait d’une digression à partir de notre lecture du moment. Je ne sais plus comment c’est venu, mais ils se sont rendus compte qu’une jeune femme « à l’époque », ne pouvait pas devenir mousquetaire. « Et pourquoi, hein ? Et pourquoi donc elle pourrait pas devenir mousquetaire juste parce qu’elle est une fille ? » se sont-ils indignés « c’est nul, le courage c’est pas une histoire de fille ou de garçon, et la ruse non plus… ». Je ne mens pas, ils ont vraiment dit ça, je vous jure. « C’est comme si on m’interdisait de devenir créateur de bijoux fantaisie ! » a dit Luigi dont la maman crée des bijoux fantaisie.

Bon, je reconnais que j’ai beaucoup travaillé le thème, mais c’est parce qu’on a participé à un jeu de piste littéraire en début d’année, des épreuves d’écriture et de créations artistiques à partir de l’album « Maman est un oiseau » qui traite directement du sujet, donc ils sont rodés (en plus on avait gagné, ça laisse un souvenir exaltant et un goût de victoire, forcément).

Donc, ce petit moment de classe m’a rappelé une anecdote très ancienne, dans une autre école, dans un autre département, au début de ma carrière. Je recevais la maman d’une gamine de CP très en difficulté, je lui expliquais ce que je mettais en place pour elle et elle m’écoutait avidement, les yeux grands ouverts, en hochant la tête pour approuver, en souriant, visiblement très à l’écoute, son considérable fessier posé inconfortablement sur des chaises trop basses pour les adultes. Au bout de l’entretien qui m’avait paru efficace (le but étant d’inquiéter suffisamment pour que le bilan orthophoniste soit fait, mais pas trop non plus pour que le gamin ne soit pas noyé par l’angoisse parentale, et puis comme on parle quand même de leur enfant, on se doit d’être très prudents : c’est la prunelle de leurs yeux, merde, on y va tout doux !), donc au bout de l’entretien, il m’avait semblé que la dame adhérait et allait dans mon sens, qu’on allait aider correctement cette gosse sur le plan scolaire. Elle se lève, me tend la main pour me dire au revoir, et, en me souriant très grand : « Vous êtes vraiment bien gentille de vous donner tout ce mal, mais vous savez, Marine, c’est une fille… Son père, il lui demande juste de bien se marier… »

 

11 commentaires sur « Tout ce chemin qu’il reste à faire… »

    1. En l’occurrence, c’est la maman qui imaginait les pensées du papa, rien ne dit que son mari avait cette opinion. En fait, je crois que la scolarité de sa fille, et de ses enfants en général était très loin de ses préoccupations (parce que bon, les études, hein, ça sert à rien d’autre que d’être au chômage un peu plus tard, ah, ah, ah !). Cela dit, pas de méprise : ces parents étaient aimants, adorables, le papa doux comme un agneau, la maman dévouée à ses enfants… C’est long de faire évoluer les mœurs dans certains milieux, mais il ne faut pas baisser les bras, ne pas juger, et être toujours bienveillants, et à l’écoute.

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