Il y a un an, jour pour jour, nous partions tous les cinq pour le Grand Voyage. Un mois à sillonner l’île, un tour complet, le trajet envisagé avec le guide du Routard, mais à part cet itinéraire-à-peu-près, rien de prévu… Faute d’internet là-bas, rien ne peut vraiment se prévoir d’ici. On voulait quitter notre zone de confort, on voulait se frotter à l’inconnu, à l’imprévisible, à la découverte, et dans une certaine mesure, au Risque. Je dis Risque avec une majuscule, le Risque au sens positif, avec ses déconvenues, ses inquiétudes, évidemment, mais aussi avec ses enivrantes surprises, ses inoubliables rencontres, et quelques bouleversements profonds de nos états d’esprit.

Ce voyage restera un moment clé de notre parcours familial. Il marque un tournant dans nos manières de concevoir nos vies propres aussi, avec chacun nos lectures des choses, nos engouements ou nos désillusions. On comprend mieux son propre monde quand on va voir celui des autres… On le critique et on le défend plus facilement quand on a des points de comparaison.

J’ai un plein dossiers de photos, vous vous en doutez, mais celle que j’ai envie de partager avec vous n’est ni la plus jolie, ni la plus attendue.

L’orchestre officiel donne ce soir-là un concert gratuit sur la place principale de Santiago de Cuba. On le découvre par hasard, le soir de notre arrivée, en allant flâner et profiter de la relative fraîcheur de la soirée. Ce n’est pas un événement particulier, d’ailleurs aucune affiche ne l’annonce, et on sent bien que les spectateurs ne sont pas empressés : les musiciens sont là ce soir, c’est fréquent, ils jouent, ils sont payés par l’Etat pour le faire. C’est  dans leur contrat, c’est comme ça. Les gosses jouent et courent derrière nous sur la place, les adultes écoutent, bavardent, applaudissent… C’est simple.