Je déteste le coiffeur. Enfin, je ne déteste aucun coiffeur en particulier, je déteste mon passage chez le coiffeur. Quoi pas obligée ? Tu le sais, toi, que Lilou du CE1 m’a dit juste avant les vacances que je commençais à « avoir les racines » et qu’il fallait donc que je pense à « faire ma couleur » ? Oh, oui, rigole, va ! Et Gus, mon ami Gus qui me bazarde que j’ai une tête de folle dès qu’il y a un coup de vent ! Alors ? J’ai du public, moi monsieur, et du genre exigeant et observateur, alors faut que je m’entretienne.
Bon, donc, après la sortie des classes je suis partie à la plage quelques jours, et puis voilà, il fallait bien y passer, alors j’ai pris rendez-vous hier. Je ne vais jamais chez le même. Je varie les plaisirs. Sinon je me lasse. Et surtout, je trouve le courage d’y aller uniquement si j’ai un petit espoir que ça va l’faire, que ce sera peut-être bien cette fois-ci. Si je sais trop comment ça va l’faire justement, je repousse, je repousse, épuisée d’avance, et ça repousse, ça repousse, provoquant quand je me pointe enfin un affolement du professionnel devant la longueur des racines et la quantité de fourches et oh comme ils sont ternes et oh comme ils sont abîmés et vous les nourrissez au moins parce que sinon j’ai ça (flacon à 48 euros les 125 ml) qui est génial et patati et patata, et que je t’agresse d’entrée en te disant que ton cheveu est pourri. Cool.
En fait, ce que je voudrais, moi, c’est qu’on ne me parle pas, par exemple pas du tout, qu’on me laisse explorer Gala tranquillou bilou, qu’on choisisse pour moi la couleur (la même ! qu’est-ce que tu me montres le nuancier, je m’en fous, je fais pas la différence, je veux juste la même que celle que j’avais avant mais en neuve) et qu’on décide pour moi si on les coupe plus courts, mais pas trop, dégradés ici, effilés là, on garde la mèche, et de quel côté le mouvement, et blablabla, et blablabla. Moi, je dis rafraîchis. Rafraîchis donc, et je t’en prie, tais-toi… Mais y’a pas moyen.
-Alors vous êtes en vacances ?
-Mourrrhhghghoui.
-Vous êtes partie, un peu ?
-Mourrrhhghghoui.
-Ah, je vois que oui, soleil, sel, vent, vos cheveux sont très abîmés.
(Pffffffffffffff… long soupir accablé en interne, long sourire désolé en externe, via le miroir)
-Et vous avez beaucoup de congés ? (ne sait pas que je suis enseignante)
-Mourrrhhghghoui, ça va.
-Ah… c’est bien, c’est important les vacances. (long monologue sur les siennes, passées, à venir, espérées, et aussi celles des collègues, des clientes… et puis léger silence, concentration sur son pinceau et sur mon crâne) Et vous avez des enfants ?
-Mourrrhhghghoui.
A ce moment-là la tintinabulette de l’entrée a retentit, et sont entrés dans le salon un gamin de l’école et sa mère. Oh putain, non. J’ai la sauce à colorer sur la tête et le peignoir noir qui s’enfile par devant. Madame me remet, sourit, pousse son gamin du coude, regarde, tu la reconnais ? Air inquiet du môme, impression de m’avoir surprise toute nue sous la douche. Je rassure d’un clin d’œil, échange de politesse minimal avec la maman, retour à Gala. Elle tente un vague démarrage de conversation, mais comme je déguste mon magazine comme si ma vie en dépendait, elle n’insiste pas. Et au moment du départ, je l’entends qui dit à son pioupiou : Ben vas-y, demande-lui, n’aie pas peur, vas-y, demande-lui si tu seras dans sa classe…
Je louche sur Macron, son vélo et son pull noué sur les épaules (non… mais non ! Manu, quand même, non… pas le pull sur les épaules !) donc le gosse, malin, ne demande surtout rien, il a compris en langage non verbal que j’avais envie qu’on me foute la paix. Et puis il s’en cogne, de savoir s’il sera avec moi, il n’y avait même pas pensé avant qu’elle lui dise qu’il voulait le savoir. Bref. Elle renonce, et dit au-revoir à la cantonnade, comme je suis polie je lève la tête un quart de seconde pour dire au-revoir, j’ai le tort de vouloir dire un truc gentil au petit loup : t’es beau dis donc, même sans tes boucles t’es tout beau ! et paf, elle en profite pour lâcher la question : « Alors, dîtes… il sera avec vous l’année prochaine ? » Inquiétudes parentales, quand tu nous tiens…
S’ensuit le rinçage, la coupe, et là, évidemment, la coiffeuse SAIT que je suis instit’. Oh quel courage, faut se les farcir, de nos jours, ils sont atroces, je sais pas comment vous faites, autrefois, si on rentrait avec une punition, on en prenait une autre par les parents, maintenant on vient vous demander des comptes, et tous ces gosses qui savent pas lire, autrefois au moins, on savait écrire sans faute… et moi le mien…
Pitié.
Lilou ne verra même pas que j’ai fait la couleur, la maisonnée remarquera à peine que j’ai fait raccourcir de rien, et je cherche déjà le prochain coiffeur, pour la veille de la rentrée, un avec qui, peut-être, ça va l’faire…
Tout pareil pour moi copine de « punition » de coiffurage culturation grâce à Gala 😀
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Mais on est combien à détester ça finalement ? 😮
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J’adore ! Je m’y reconnais tellement ! Et puis c’est vrai que c’est le seul endroit où on peut lire Gala, Voici et autres Paris Match, tranquilles, sans complexes haha !
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Exactement ! Alors, bon, on aimerait bien se cultiver peinard, quand même…
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Ca pointe ! ..sinon ça pousse (n’est-ce pas ?)
d’ailleurs en parlant de changement ou de couleur,
..j’ai passé la serpillière (panosse en savoyard) dans tout l’étage !
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D’où tu sors cette association d’idée entre ma tignasse et une serpillière ? 😮
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tout brille, …même le papier glacé !
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Mon dieu mais c’est tellement ça ! Ce moment affreux où la coiffeuse/le coiffeur descend complètement tes cheveux ^^ Moi j’ai juste envie de lui dire <> J’ai l’impression qu’ils voudraient qu’on aille chez eux quand nos cheveux sont encore en parfait état ! Quel non-sens 😉
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😀
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Mince je me rend compte que ma phrase entre guillemets n’est pas passée… c’était quelque chose comme : Hé bien oui, ils sont abimés, c’est pour cela que je viens chez vous : pour quoi vous leur refassiez une santé !
Bref…
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