Il est arrivé dans ma classe. On m’a pas prise en traître, on peut même dire que j’étais archi préparée, on parle de lui depuis la petite section. On parle beaucoup, beaucoup de lui. Avouons-le, il aura occupé une bonne partie des conversations de notre salle des maîtresses (également nommée le poulailler, pour les raisons que chacun comprendra). L’enfant était donc très attendu. L’enfant évolue dans ma classe depuis la rentrée. L’enfant ne me déçoit pas, il est à la hauteur de sa réputation, le bougre.
Vous avez aimé Les aventures de Gus ? Vous allez adorer la grande série à venir : La vie trop rigolote de Monsieur Zonzon. Car un nouveau héros ravage désormais mon petit quotidien professionnel bien huilé, et je peux vous dire que j’ai pas fini de rire : hin, hin, hin.
Hier, en EPS, j’avais prévu un entraînement pour le cross de la semaine prochaine. Je dois admettre que si pour certains, la motivation est aisée à trouver, pour d’autres c’est plus compliqué. Je ne vous apprends pas que le principe de la course à pied reste un vaste mystère pour de nombreux humains, et c’est valable dès l’école primaire. Mais bon, mes loustics s’entendent dire qu’il en est de même pour le sport, la grammaire ou les soustractions à retenue, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, on se plie aux exigences du programme et aux consignes de la maîtresse et pis c’est tout (oui, on fera aussi roller, c’est promis chu pas un monstre).
Donc on court. Bon, on court pas non plus des heures, hein. Je leur mets 6 minutes sur le chrono. Et puis je me creuse pour rendre le truc un peu sympa (autant que faire se peut, ça reste de la course à pied, on est d’accord). Hier par exemple, c’était course fractionné : de là à là, la course des coccinelles, tranquillou bilou, et de là à là, la course des bolides, à fond les ballons. Oui, j’ai dit ça très exactement, en pédagogie appliquée on appelle ça la consigne motivante. L’idée étant de parvenir à attirer l’attention de mon petit mariole qui explorait avec ravissement le tréfonds de son nombril. Je peux dire que ça a réussi, Monsieur Zonzon a oublié d’un coup son anatomie rebondie et s’est esclaffé bruyamment en basculant sur le dos tel un culbuto. Ensuite tout le monde s’est installé sur la ligne de départ, lui s’est positionné comme un marathonien aguerri, un pied devant un pied derrière et a démarré en trombe, ruinant mes savantes explications sur l’importance de gérer son effort.
20 mètres après, il courait en arrière, en alertant les autres pour qu’ils ne manquent rien de son exploit.
20 mètres plus tard, découvrant un poteau inopinément planté là, il tournait autour à toute vitesse en le tenant d’une main et en rigolant comme une baleine. J’ai crié lâche ça, Zonzon, continue allez mon grand, tu arrives à la partie bolide ! Il est reparti comme une flèche, a dépassé la partie sus-dite en hurlant de joie et…
…20 mètres plus loin, je le découvrais à plat ventre dans l’herbe. Totalement épuisé par la longue distance parcourue. J’ai hurlé allez, allez, avance, encore, t’arrête pas, vas-y mon grand ! Ce qui a eu pour effet de le faire avancer quelques mètres de plus à quatre pattes, ce qui était : trop rigolo.
Ensuite, il s’installa sur son séant, sans doute pour encourager ses petits camarades qui couraient toujours. Position idéale pour pouvoir aisément leur choper les jambes lorsqu’ils passaient à proximité. J’ai alors laissé le chrono et le sifflet à l’AVS qui accompagne un élève de ma classe cette année, et j’ai foncé lui prendre la main : on court ensemble, allez pépère, tous les deux, hop hop ! Je sais, mon sens sacrificiel est très émouvant.
On a fait un tour et demi ensemble, en mode coccinelle et en mode bolide, avec mes encouragements permanents vu que je sentais bien sa petite main bien dodue bien fuyante et sa résistance bien évidente, le tout en se marrant franchement car courir tiré par maîtresse c’est tout à fait désopilant.
Ensuite il a dit qu’il était fatiguééééé et s’est laissé tomber, plaf, en rigolant encore parce que se laisser traîner par maîtresse, c’est quand même : trop rigolo. Je l’ai relevé derechef. Allez, j’ai dit, allez, on y va, tous les deux, hop hop, allez ! (oui, je manque de vocabulaire quand je cours). Mais bon, il avait décidé que non, qu’il n’en pouvait plus, alors il tirait la langue en faisant aaaarrrrghhhh, j’en peux pluuuuuuuus. Jusqu’au coup de sifflet de l’AVS marquant la fin de l’aventure. Finie pour nous, parce que lui est reparti d’un coup comme un dératé en donnant des coups d’épaules à droite à gauche pour faire tomber les copains dans l’herbe comme des quilles. Et ça je vous fais pas un dessin, c’est : trop rigolo.
Dès la deuxième semaine de septembre, j’ai démarré une cure de magnésium, mais je crois que je vais passer à la spiruline en intra-veineuse. Non c’est qu’il m’en faut de l’énergie pour me bidonner ainsi à longueur de journées. Car Monsieur Zonzon est un enfant très… rigolo.
Ok, je te fais livrer une palette de Mag 300+ 2 fois 20 jours express 😉
Une année grandiose en perspective! Comme quoi, Zonzon et société font parfois bon ménage!!!
Merci pour cette récré active.
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ho purée c’est vrai à l’école il n’y avait pas que l’ennui profond y avait aussi les brutes à moitié débiles et qui rigolaient… en plus ces gars là on les retrouve dans le milieu pro après, les patrons les aiment bien, ils sont super bons pour certaines choses.
Mais bon , la chose la plus puissante c’était quand même l’enseignement des comportements culturels et sociaux. Rassurez-vous.
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Oh mais cet enfant n’est ni un débile ni une brute épaisse, et sachez qu’il est adoré de ses copains, vraiment. Normal, c’est lui le plus rigolo !
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abruti c’est pas une nature comme brute, on devient abruti, et en général on fait subir à quelqu’un d’autre ce qui nous a abruti. Mais pardon de vous avoir dérangé, ça doit être assez dur comme ça.
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Vous ne dérangez pas, et tout va bien pour moi, j’aime ces gosses, même quand je rentre sur les rotules. Mais merci, Chachashire !
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Je l’aime déjà ce Zonzon. Imaginons la vie sans lui, ce magnifique texte n’existerait pas et l’entraînement aurait été d’une banalité navrante. A la réflexion les zonzons ont toujours égayé mes activités et sont restés dans ma mémoire … alors que les autres n’y figurent plus. J’attends avec impatience la suite de ses aventures … et peut-être de ses brillants résultats scolaires. Vive les zonzons !
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Il m’arrive, moi, de penser que l’année va être longue… mais en même temps, tu as raison, ce zonzon-là sera inoubliable, c’est l’évidence !
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Ton récit est tellement vivant que me voilà toute essoufflée, moi aussi 🙂
Monsieur Zonzon a de la ressource… ça promet !
Il en faut du tonus pour tenir… Plein de courage Camille !
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Merci Laurence ! Oui je vais avoir besoin de pep’s, et d’humour ! 😊
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Et les autres, ils ont fini leurs tours coccinelle et bolide dans les clous (ou ils rigolaient rigolos) ?
courage, évite l’étape spiruline, passe direct à…. à quoi d’ailleurs ? non, ne change rien.
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Ben oui, les autres ont tout fait comme j’avais dit, heureusement ! Quand je dis « les autres », j’omets untel et untel, et aussi untel, qui feront l’objet sans doute d’autres billets plus tard : j’ai un joli quatuor à cornes cette année, je vais pas m’ennuyer, je te le dis !
Ah, et sinon, Gus a fini premier au cross CM2-6ème organisé chaque année par le collège de secteur pour la liaison école-collège. Les collègues et moi, on était aux anges ! Cet enfant revient de loin (grosse dyspraxie quand même), c’est une sacrée victoire de le voir si bien dans son corps….
Bonne journée cher Dodo !
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voilà, ..des nouvelles de Gus, chic & chouette !
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Je savais que tu apprécierais… oui, il nous ravit, on est vraiment très très fières de lui ! (mais tu ne le découvres pas)
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