R€SISTANCE !

Aujourd’hui j’ai eu une formation très chouette dont le sujet portait sur l’acquisition de l’orthographe en Cycle 2 (CP/CE1/CE2). La formation était fort intéressante, les formatrices avaient bien chiadé leur truc, et les échanges que nous avons eus m’ont fait réfléchir et donnés de nouvelles idées pour ma classe. Tout était impec jusqu’à midi moins dix.

Pour clore la matinée, notre formatrice nous a montré une petite vidéo qui présentait le principe de la twictée. Deux classes éloignées géographiquement se corrigent des dictées classiques par le biais de tweets, avec explication des erreurs et rectification en 140 caractères. (je mets plus bas une vidéo explicative courte, pour ceux que ça intéresse).

Et là, mes collègues ont réagi très énergiquement, ce qui m’a ravie. L’idée d’une communication inter-écoles, de l’entraide, d’une correction collective, coopérative, collaborative, pas de lézard, on est pour, on le fait d’ailleurs tous plus ou moins, et surtout on adhère à l’idée, c’est pas le sujet. Le truc qui a fait bondir certains d’entre nous, c’est le fait de former nos élèves à l’utilisation de cet outil qu’est twitter. Nan mais… z’avez craqué au ministère ? Vous trouvez qu’on en chie pas assez avec tout ça ? Que les GAFAM n’ont pas assez de pouvoir, ne nous pourrissent pas assez la vie ? Que nos élèves ne sont pas assez englués dans l’omniprésence des écrans ? Faut qu’on leur passe nous-mêmes les chaînes, c’est ça ? C’est quoi le deal avec twitter, les gars, pour élire ce concept Innovation numérique de l’année ?

On s’est dit entre nous qu’il était hors de question de devenir les promoteurs de ces surpuissances numériques, de former nos élèves à ne rien savoir faire sans ces réseaux  sociaux addictifs, sans ces écrans hautement toxiques. La réponse de la formatrice était troublante : « Ben… tout le monde l’utilise, même nos politiques, et de toutes façons, les gosses connaissent déjà, alors… »  En d’autres termes, faut vivre avec son temps sans aucun sens critique.

A écouter les réactions de mes collègues, j’ai l’impression qu’il va y avoir résistance, quand même…

10 commentaires sur « R€SISTANCE ! »

    1. Et bien, oui, on est nombreux… J’ai relu mon billet suite à votre commentaire, et évidemment, après ces mois d’école à distance, on pourrait se demander si je n’ai pas changé d’avis. Grâce à ces écrans dont je me méfie tellement, j’ai pu poursuivre ma mission et maintenir le lien entre eux et moi, entre moi et les parents, entre eux tout court aussi. Pour autant, je reste ferme : c’était passager, c’était exceptionnel, point barre. Je peux les former au numérique sans les assujettir à ces réseaux qui ne nous gouvernent déjà que trop.

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  1. Quand l’orthographe devient prétexte … on balance les « avantages » et on oublie de parler de ce qui suivra … mettre le pied dans la porte ouverte – n’oublions pas que le gosse est un consommateur …

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    1. On est bien d’accord, ceux qui connaissent déjà l’oiseau bleu ont vraisemblablement brûlé des étapes (on peut peut-être apprendre d’abord à se parler dans les yeux avant de se causer en hashtag ?), et je suggère de laisser les autres tranquilles pendant encore quelques années. La formatrice évoquait le fait que c’était le langage d’aujourd’hui, utilisé par tous et sur la planète entière, et que c’était important de guider nos élèves dans ce monde qui est le leur. L’idée sous-jacente étant d’utiliser intelligemment l’outil, ça on l’a bien compris, mais nous, on prône justement l’idée de ne PAS l’utiliser du tout, et surtout pas à l’école publique et avant l’heure. Au collège, là je dis pas, c’est une autre histoire…

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  2. Des échanges interclasses, 100% pour ! c’est une émulation et une ouverture ! mais reproduire une configuration twitter risque de créer l’addiction, non ? pourquoi pas une forme de visioconférence qui a une connotation déjà plus professionnelle ? juste un avis de ma part, aucune critique ni aucun jugement.

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    1. C’est exactement la réponse qu’on a faite à notre formatrice : des alternatives sont possibles, qui permettent de former les élèves au numérique (ce qui est inévitable et indispensable, ça va sans dire) sans alimenter le monopole de ceux qu’on connaît. Le mot « twictée » déjà nous paraissait être une publicité navrante dans l’enceinte de l’école publique…
      Merci pour les liens, Chachashire !

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