Je tiens à prévenir l’éventuel et aimable égaré sur mon blog que ce billet ne parle pas de Notre Dame ni d’aucune polémique concernant son incendie ou sa reconstruction. Voilà. Bisous !
Paris… Ô Paris la merveilleuse ! Mille fois parcourir tes rues et arpenter ton métro. Mille fois entendre ce bruit caractéristique des portes qui se ferment, et comme je l’aime ce son, comme je suis contente quand je le réentends enfin. D’ailleurs, tiens, je vous le mets :
C’est bon hein ? Moi, j’y retourne chaque fois que j’en ai l’occasion, en tout cas. Et je crée l’occasion chaque fois que l’envie se présente. Et l’envie se présente d’autant plus souvent que j’y ai des attaches fortes, donc des raisons puissantes, alors je ne me prive pas.
Et bien-sûr, quand j’y vais, je fais comme tous les touristes : j’observe les parisiens. C’est un monde étrange que celui des parisiens, je ne vous apprends rien… Des codes à part, bien huilés, des coutumes spéciales, qu’il faut vite acquérir sous peine de se faire tej’ d’un coup d’épaules (si tu flânes à gauche des escalators).
Moi, ce que j’aime plus que tout, c’est cette manière qu’ils ont de s’entraider en ayant l’air de faire autre chose. Mais si, tu sais bien, cette façon de filer une pièce aux mendiants avec l’air absent de celui qui ne fait pas vraiment l’aumône, mais se débarrasse seulement de quelques pièces encombrantes. Ils regardent ailleurs, ils balancent la monnaie, ils ont à peine ralenti la cadence. Pour un peu tu leur tirerais l’oreille en les grondant : Hey, mec, tu peux pas y faire un sourire tant qu’à y être ? Et puis tu réfléchis qu’il a quand même tiré quat’sous de sa poche et les a faits tinter dans la coupelle posée au sol, ce qui est toujours mieux que rien du tout et tu regrettes ta première et fugitive pensée désapprobatrice.
Une personne galère avec une poussette dans un escalier ? Le type qui passe chope la poussette, la descend (ou la monte c’est selon), la pose à bon port et poursuit son chemin sans un regard, ni pour l’enfant ni pour la mère. Laquelle n’a pas non plus envisagé de remercier d’ailleurs.
Des touristes s’interrogent interminablement, le nez collé à leur plan du métro ? Il y a toujours quelqu’un pour leur indiquer la correspondance la plus logique, sans même les regarder, en poursuivant sa partie de Candy Crush. Les touristes lèvent les yeux en direction de l’origine de l’information qui leur tombe dans l’oreille, bredouillent un merci, et le gus oscille du menton mais on ne sait pas trop si ça veut dire « De rien » ou « Ouais bon, maintenant silence dans ma rame, je joue putain ! »
Une nana court pour entrer dans la rame de métro, les portes se ferment juste derrière elle et son sac reste coincé dehors ? Deux gars se précipitent, chacun d’un côté, unissent leurs forces pour ouvrir la porte et dégager la dame. Le tout a pris environ quatre secondes, et une fois libérée, la fille va tranquillement s’asseoir. Les autres retournent à leur place, l’un en ré-ajustant ses écouteurs, l’autre en reprenant la lecture de son journal. Aucun des trois n’esquissera le moindre sourire pour les autres.
Un aveugle s’apprête à traverser la rue ? Hop on le prend par le bras, on le fait traverser, et il suit sans paraître surpris, il a l’habitude de ce guidage muet et quasiment autoritaire : aucune parole, aucun échange. Ensuite chacun poursuit son chemin, tout le monde a déjà oublié.
Les parisiens sont des gens bien, y’a pas de doutes. Mais ils ne veulent pas que ça se sache.
Bonne continuation, Camille.
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Merci, tout pareil !
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Les parisiens sont de grands timides bourrus et furtifs. Leur teint hâve et l’absence de regard sur leur visage impassible leur donne cet air hiératique propre aux divinités des faubourgs, de la zone et des lieux souterrains. C’est beau et si mystérieux un parisien la nuit, un parisien dans le trafic, un parisien sous terre. Et ce mot « escalator » leur sied telle l’Excalibur à Arthur. Ah, le parisien, la parisienne, chevalier, chevalière au doigt d’aurore : Il est 5 heures, Paris s’éveille, ils sont de bonne bonne bonne humeur ce matin !
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Merci, Jean, pour cette si jolie réaction à mon billet !
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Belle observation. Il me semble que c’est une culture.
Il m’a été donné d’observer un carrefour d’en haut, lors d’une panne des feux aux heures de pointe : la régulation se fait toute seule.
Cela dit : la colonisation produit cet effet là , la concentration, quand on pille des pays et qu’on en prend les richesses les plus grandes, les plus beaux individus, les plus performants … forcément.
https://alzazou.wordpress.com/2010/03/22/epictete-lesclave-philosophe/
Epictete était-il romain ? Tout un tas d’Epictète dans cette histoire.
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je suis toujours surprise de constater à quel point les gens quand ils ne sont pas énervés sont à ce point serviables ! j’en suis au stade de ma vie où on me propose des places assises dans les transports, ce qui ne me réjouit pas outre mesure, mais je suis étonnée qu’il y ait encore des gens pour y penser, et ça c’est la bonne nouvelle Rien n’est foutu !
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Mais bien-sûr ! L’âme humaine est étrange, capable de compassion et de cruauté, dans le même temps…
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tu as bien raison et je ne saurai te contredire : je suis né parisien (du faubourg, le vrai (saintantoine)
🙂
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😉
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Voilà ! les parigots ne sont pas des animaux plus nocifs que les provinciaux,
eh-pis c’est tout.
Certes (à) chacun sa différence ou ses habitudes, ..chic & chouette !
Tiens, ma version (courte; longue serait exagéré) « notre dame » :
– nous devrions la considérer (du verbe: « considérons la ») tant elle est synchrone, en équilibre (!) conforme et en harmonie avec son pendant néanmoins complice: le gazier.
Et le Monde, lui et ses résidents, iront tellement mieux, n’est-ce pas.
Des schmoutz,
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Le gazier ? Qu’est-ce donc ?
En tout cas, oui, tu m’as bien reçue : autant de gens bien chez les parisiens que partout ailleurs (ce qui sous-entend autant de cons, ce que chacun aura compris ainsi !)
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