Vingt-cinq paires d’yeux braqués sur moi. Vingt-cinq visages à découvrir. Vingt-cinq sourires.

Vingt-cinq gosses, ça fait aussi, quand on y pense, deux cent cinquante doigts qui ne rêvent que d’explorer ces trousses toutes neuves, ces classeurs à faire claquer, ces compas à manipuler, ces calculettes qu’on montre à l’envers au copain, avec écrit SOLEIL : trop marrant.

Celle-ci a les larmes qui lui montent aux cils au moindre début de commencement d’hésitation (je l’écris où, la date ?), le menton qui tremble et les yeux perdus. Mission : rassurer.

Celui-là a la maladie du mollet qui gratte, il se tortille et me montre par-dessus sa table : maîtresse, ça me gratte, là. Pensez, un truc pareil, ça empêche de travailler… Il n’a donc rien terminé de la semaine. Mission : mettre le gosse au boulot.

Zébulon, que j’ai gardé cette année, a appris à siffler pendant l’été. Aïe. Une passion comme qui dirait. N’imaginez pas un gai pinson à la mélodie parfaite qui viendrait enchanter les moments silencieux de travail intense, non non non, on en est encore à l’apprentissage laborieux et ça donne : fiout, fioooooout, ffffffiiioutttt, voyez le genre. Génial, je lui ai dit, t’es mignon mais tu t’entraîneras à la maison. Mission : (re)poser le cadre.

Cette petite blondinette pétillante de CE1, si minuscule qu’elle ne touche pas le sol quand elle est assise, lève sans cesse la main avec vigueur. Comment écrit-on [on] dans « Les renards ont … » ? Avec un t, dit-elle, parce qu’on peut remplacer par avaient. La moitié des CE2 n’avaient même pas saisi la question, et elle, petite puce qui sort juste de CP, m’affirme le truc avec aisance et en mettant du sens. Mission : nourrir.

Au fond de la classe, cet autre, bon public, s’esclaffe à la moindre de mes blagues. Il affiche en permanence le même sourire malicieux que sa maman, toujours de bonne humeur et totalement relax, démarche souple, sarouel et mèche presque rouge (la maman, pas le gamin !) La vie est douce, la vie est belle, cet enfant respire l’apaisement. Mission : renforcer encore cette magnifique joie de vivre.

Zonzon a intégré la classe suivante, mais on se retrouve à la piscine deux fois par semaine. Mardi, il a fallu que je surgisse dans le vestiaire des petits mecs, alertée par les cris, pour le trouver encore ruisselant en train de hurler en faisant tourner sa serviette de bain au-dessus de sa tête au milieu des copains hilares (mais presque tous habillés), sa petite bedaine bien moulée dans son slip de bain remonté jusqu’au nombril. Mission : nada, j’ai passé la main (bon courage, Stef !) 😉

La nouvelle fournée, prometteuse et motivée. Ouais, je le sens : je vais me régaler !