Gus est un petit garçon que j’ai eu pendant deux ans dans ma classe, en CE1 et CE2.
Dyspraxique, dyslexique, dysgraphique et que sais-je encore.
Ceux qui me lisaient à l’époque s’en souviennent peut-être, Gus était une sorte de mascotte sur mon blog. Ses frasques, ses interventions en classe, aussi postillonnantes que judicieuses, ses grands yeux bleus pétillants de malice et d’intelligence, sa maladresse chronique, sa joie de vivre ont laissé une trace forte dans ma mémoire, dans mon blog, dans notre école.
Gus a fait cette année sa rentrée au collège. Mais chaque mardi, comme il termine plus tôt, il passe nous voir au moment de la récréation pour débriefer.
– J’ai des trop bonnes notes, maîtresse : 18,5 en maths, 17 de moyenne « gé » ! m’annonce-t-il avec enthousiasme, accoudé au grillage de l’école, avec son casque de vélo vissé sur la tête et son grand sourire d’enfant fier. Et ma classe elle est trop bien. Les profs ils sont trop sympas. Je leur ai envoyé le bonjour de la part de maîtresse (sous-entendu sa maîtresse de CM2 qui connaît les profs grâce à la liaison CM2-6è). Et toi, ça va, cette année ? Ils sont sympas tes élèves ?
Gus teste son nouveau costume de grand, avec des dérapages. La première semaine, il a été puni pour « gestes violents ». Il se battait dans la cour. Il a tenté d’expliquer que c’était un jeu, qu’il faisait juste la bagarre avec son copain, les pions n’ont rien voulu savoir. Nous, on l’y voyait, notre Gus échevelé rire aux éclats en faisant tournoyer son pote jusqu’à le faire valdinguer par terre. Il a toujours eu du mal à contenir son énergie, mais il n’y a jamais de méchanceté, de rage, de désir de faire mal. D’ailleurs il se tord les mains quand il a fait pleurer quelqu’un par sa brusquerie, ses larmes se mélangent aux petits ruisseaux de sueur qui dégoulinent jusque dans son cou. Il est tellement, tellement désolé…
Gus doit grandir, donc. Il l’a compris. Il tente d’adopter les postures et le verbiage, mais quand même il revient nous voir. Il a besoin, encore un peu, de notre regard, de notre assentiment, de notre bienveillance. Peu à peu, il oubliera de passer par l’école, et ce sera tant mieux, la preuve qu’il a réussi, qu’il n’a plus besoin de cet étayage offert ici année après année depuis sa petite section, et dont il a su profiter.
Je suis fière de lui, je suis fière de nous toutes, on a fait du bon boulot.
Que du bonheur ce petit Gus, tellement reconnaisant à sa manière !!!
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Impossible ne pas se rappeler de Gus ! son en-vie, au bon esprit, franc, loyal,
..ni lui oublieux. Un vieux fan,
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Je savais qu’avoir de ses nouvelles te réjouirait ! 😉
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Un professeur qui peut voir le résultat de son élève des années plus tard, doit faire un bien fou et une raison de plus de continuer dans sa profession pour ses élèves un peu spéciaux
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Oh oui, c’est exactement ça !
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