Dingue la vitesse à laquelle nous autres, enseignants, sommes passés du statut de super héros à celui de sombres feignasses… Je veux penser que ceux qui nous pourrissent sur les réseaux sociaux aujourd’hui ne faisaient que se taire il y a quinze jours. J’ose espérer que les gens ne changent pas d’avis si vite.
Oui, c’est vrai, moi aussi j’émets des doutes quant à la pertinence de relancer le 11 mai le grand brassage de microbes que sont nos classes. Je crains effectivement de tomber moi-même malade, de ramener ce putain de virus chez moi où vit aussi mon mari infirmier, lequel malgré son extrême prudence et sa connaissance parfaite des « gestes barrière » pourraient à son tour l’emporter chez ses patients, par définition fragiles puisque suivis quotidiennement par des infirmiers à domicile.
Evidemment que je flippe ! Depuis un mois et demi on m’interdit de sortir, on me montre des gens intubés, on dénombre les morts dès mon réveil et jusqu’à mon coucher. On me menace de me mettre à l’amende si je sors de chez moi. Evidemment que j’ai peur !
Et pourtant j’ai envie de reprendre, à fond même. J’ai les oreilles qui bourdonnent à force de silence, pas l’habitude. J’ai envie de voir mes copillègues, elles me manquent, j’ai envie de rigoler avec elles, j’ai envie de remettre Sid droit sur sa chaise, de rappeler à Maxou que la lecture de sa BD en loucedé pendant les maths c’est non, d’aider moi-même Pitchounette qui s’en sort pas avec les centaines et les dizaines… J’ai envie de faire mon métier, quoi, avec des gens autour.
Paraît qu’on sera équipés pour accueillir les enfants « en toute sécurité ». Si on est équipés comme mon infirmier de mari, qui a enfin reçu cette semaine ses premiers masques FFP2 non périmés, 6 pour la semaine pas un de plus, on n’a pas le cul sorti du Corona… Dans un mois, Hermès nous aura p’tèt’ cousu des jolis masques en tissu de luxe ? Mouais… On va plutôt se les coudre nous-mêmes, va, c’est plus sûr.
Bref, soyons clairs : qu’on soit d’accord ou pas, on y retournera, à l’école. Ceux qui nous traitent sur Twitter, ici et là sur les plateaux télé peuvent aller s’exciter sur d’autres sujets, je suis sûre qu’ils trouveront vite un autre os à ronger. Avec ou sans gel, avec ou sans masque, on ira. Fonctionnaires fonctionnant que nous sommes, nous accueillerons les petiots afin que leurs parents retournent au turbin et que redémarre la grande machinerie économique. Amen.
La bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe !
Merci pour l’admirable travail que vous faites
F.
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C’est gentil. Admirable, c’est bien trop, juste respectable, ça me va bien. 😉
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il faut le prendre de qui ça vient………… et ça vient de bien bas 😦
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Ah ah, parfait, j’aime bien cette manière de prendre les choses.
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Chapeau bas à l’ensemble du corps enseignant pour leur adaptabilité. Quelles que soient les consignes il y aura toujours des grandes gueules pour la ramener……..
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Je ne vais que très peu voir Twitter, mais ce matin, j’ai halluciné de la violence des commentaires. C’est pas nouveau, cette ambiance sur ce réseau là particulièrement, mais là, ce matin, ça m’a vraiment chagrinée. Merci Gibulène !
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