C’est un petit garçon un peu timide, anxieux, très sensible, très discret. De grands yeux bleus magnifiques, un sourire doux, charmeur (enfin, pour ce que je peux en voir, de son sourire, saleté de masque…), et un manque de confiance terrible. Il me regarde souvent en classe avec l’air désespéré, perdu, il se prend la tête dans les mains, fait des « Aaaah, d’accoooord ! » « Aaaah mais ouiiiiii ! » et se tapote la tête comme pour mieux mémoriser ce que je lui explique… pour aussitôt s’apercevoir qu’il a oublié, le nom commun, le déterminant, la place de la retenue, comment on fait fois 10… Alors il se prend le front dans les mains comme si ce qui se passait en classe le dépassait totalement. et puis de nouveau : Aaah d’accord !!!! Aaah mais ouiiiiiii !! Et puis non, ah ben non, finalement non. Il me désarçonne. Il suffit que je dise en corrigeant son cahier « Oups, tu as fait une petite erreur, là, regarde. » pour lui voir les yeux se remplir de larmes. Et quand je le regarde, surprise par ces larmes, et que je lui dis « Mais, ne pleure pas, voyons, je ne te gronde pas, je t’explique, c’est normal de se tromper quand on apprend ! » il secoue la tête, il n’y peut rien, ça vient tout seul…
J’ai pensé qu’il manquait simplement de confiance, qu’il fallait le rassurer. Dès le mois de septembre, et de nouveau en janvier, il m’a demandé : S’il te plaît maîtresse, prends moi au soutien, parce que sinon je me trompe tout le temps… » Je lui ai dit que je n’étais pas d’accord, qu’il ne se trompait pas du tout tout le temps, mais qu’il était le bienvenu quand même.
J’ai reçu ses parents. La même gentillesse chevillée au corps, le même regard franc, la même immense sensibilité. Un amour gigantesque, et beaucoup, beaucoup trop d’inquiétude. On va faire un bilan chez l’orthophoniste, je ne voudrais pas passer à côté d’un trouble de l’apprentissage, ou d’un petit défaut de la mémoire immédiate, mais au fond de moi, je pense que tout va bien.
En sortant du soutien, l’autre jour, il m’a parlé de sa maîtresse de l’année dernière, celle qui a assuré le confinement avec lui, et qui a quitté l’école depuis. Je lui dis que justement, je lui ai parlé peu de temps auparavant et qu’elle m’a demandé de ses nouvelles. Comme il est surpris, je lui rappelle qu’elle l’appelait tous les jours de l’école à la maison, pour faire les maths par téléphone.
« Ah oui, répond-il, c’est quand j’avais pas confiance en moi ! Mais là, avec papa et maman, on a fait un pacte. Un pacte de quand tu tapes dans la main, et on a dit tous les trois que maintenant, on n’avait plus pas confiance en moi. »
pauvre gamin déjà perturbé par ses limites ! il et attachant ! hypersensible peut-être ?
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, sans aucun doute. À nous, et surtout à ses parents, d’en faire une force !
J’aimeAimé par 1 personne