Aujourd’hui, avec ma fille, on a regardé le documentaire de Clément Cotentin sur son frère Orelsan. Le processus créatif y est parfaitement montré, avec ses hauts ses bas ses allers ses retours ses grandes joies et ses profonds désarrois. Le tout monté aux petits oignons, rythmé, esthétique et drôle. J’ai beaucoup aimé.
A mon petit niveau, je ressens les mêmes errances, les mêmes blocages sur un paragraphe, une ligne, un mot, les mêmes moments magiques où tout coule naturellement, les mêmes moments tragiques où tout est poussif, laborieux, mauvais. Je résiste parfois à l’envie de tout supprimer, persuadée que je viens d’écrire un chapelet de crétineries, quasiment honteuse et mangée de colère rentrée, d’impuissance. J’ai tout reconnu, l’importance des notes, la brusque perte de sens, les fausses routes, les idées merdiques qui se révèlent excellentes et inversement. Le regard d’Orel, plongé vers l’intérieur à la recherche d’une issue qu’il ne trouve pas, ou qu’il finit par trouver, ses soupirs exaspérés, ses petits bonds de joie et ses bras en l’air, ses moments allongé par terre, les phases de doutes, l’importance du délai aussi, à la fois stimulant et désespérant, l’impact des proches autour, aidants sans le vouloir, juste en riant, ou en haussant les épaules, ou en ayant préparé une fricassée de coquillages. Juste par leur présence en somme.
Bon, moi évidemment, je ne remplis pas de Zénith, ça n’aura échappé à personne. Mon art ne remplit même pas mon frigo d’ailleurs. Mais quand même, quelques milliers de mes livres ont été vendus et j’ai très fort envie que l’aventure continue. Comme je ne consacre pas ma vie professionnelle à l’écriture, je n’ai pas la pression de ceux qui ont fait ce choix. J’y pense, parfois, mais j’ai plusieurs freins : d’abord je suis froussarde, ensuite mes trois enfants ne sont pas tout à fait dégagés des contraintes scolaires, et surtout j’adore mon métier (pour ceux qui passent ici par hasard, je suis instit’). Je me sens utile, je me sens à ma place en tant que maîtresse. Alors forcément, grâce ou à cause de mes obligations professionnelles, j’ai des tas de biais faciles à trouver pour repousser le moment de m’y mettre. On me demande parfois où j’en suis de l’écriture mais personne ne me force, on m’y encourage juste (et c’est chaque fois une bouffée d’énergie, spéciale dédicace à Anne-Marie de l’école et son « J’attends moi ! Bon bon, j’en parlerai plus, mais quand même j’attends le prochain avec impatience. »)
Bref j’ai pris mon temps pour relancer la machine après la parution de La bête en elles. J’en avais besoin je pense. Mais là c’est la fin de la récré, clairement. Le visionnage de ce documentaire, pourtant si éloigné de mon univers, m’aura finalement fait du bien. Orelsan et Camille Lysière c’est tout pareil (oui j’ai osé cette phrase). Je suis sans cesse tiraillée entre le désir de me laisser le temps nécessaire et l’envie de me foutre un coup de pied au cul salutaire. J’aime écrire des histoires, j’aime ça, passionnément, je peux vivre sans mais c’est moins chouette, alors voilà : c’est parti mon kiki, à fond les ballons, t’vas voir c’que t’vas voir !
Donc, le titre de ce billet est une déconnade. J’ai trois romans en tête, et un autre en chantier. Suffit que je m’y mette. Merci Orelsan, merci Clément Cotentin, bravo pour ce doc super chiadé, super inspirant, super enthousiasmant, et merci à toi Éloïse, ma fille chérie, merci d’être là.
Bon ben du coup on fait comme Anne-Marie ! on attend 🙂 courage. Moi je suis trop paresseuse pour me lancer dans l’aventure de la publication littéraire. Tout juste si je publie de loin en loin des poèmes sur le blog……. alors les regrouper et les éditer me semble mission impossible. J’admire cette force d’aller en avant !
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C’est toujours un peu une folie, c’est vrai, mais quand on a mis le doigt dedans… 😉
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