Bébert et Petit Loup arrivent vers moi d’un pas décidé en cette fin de récréation. Le premier fronce les sourcils en répétant « Si ! Si, alors là, si hein ! », le deuxième se tord les mains et tente de couvrir la succession de « si » par des « Menteurrrr, menteurrrr (accent brésilien encore très prononcé chez Petit Loup, et qu’est-ce que je l’aime, son bel accent du soleil…) c’est même pas vrrrrrai, maîtrrrresse, c’est pas vrrrai qu’est-ce qu’il veut parrrrler à toi, jé loui ai pas fait mal exprrrrès ! »
Moi je réponds « J’espère bien que tu n’as pas fait exprès de faire mal ! Mais laisse-le déjà dire ce qui se passe, je ne comprends rien ! »
Alors Bébert explique, une histoire de ballon lancé très fort et carrément exprès sur lui et même pas dans une action de jeu.
Pendant que Bébert explique l’affaire avec force détails, Petit Loup a glissé ses mains dans les poches de son jogging et les tourne l’une autour de l’autre en serrant les lèvres et en retenant ses larmes : il est un peu en panique, il a peur de se faire gronder, il n’aime pas quand Bébert est colère, ça lui fout un peu les jetons (Bébert est assez costaud et impressionnant quand il se fâche) et vraiment il n’a pas fait exprès, il ne voulait pas faire mal et il va se faire punir peut-être et c’est injuste et cette injustice qui se profile lui fait monter les larmes aux yeux d’avance.
En plein milieu de son explication, Bébert s’arrête d’un coup, regarde Petit Loup et lui dit : « Mais t’as pas fini de te tripatouiller les boules ? »
Petit Loup répond, suffoqué : « Mais… Jé mé trrrripatouillé pas les boules, jé tourrrrne mes mains jouste comme ça ! »
S’ensuivit un léger silence, une triangulaire de regards croisés entre nous et un grand éclat de rire partagé. Du coup ils ont oublié pourquoi ils étaient fâchés et sont repartis tous les deux copains comme cochons. J’ai même pas eu besoin de donner mon avis. Je crois que finalement, ce n’était pas très grave…
Spéciale dédicace à Moumoune : tu vois j’ai réussi à la retranscrire, cette anecdote croustillante, en fin de compte ! 😉
Camille Lysière 