Et pour commencer, dégager ces tables et ces chaises de nos salles de classes. J’en rêve ! De gros poufs comme dans la vidéo en bas de l’article, ce serait le pied. Des pupitres légers, maniables, conçus pour écrire assis sur le sol (et empilables comme les petits lits de maternelle pour un gain de place, je ne sais pas dessiner mais j’ai le truc en tête), des coussins, des banquettes le long des murs, un espace central libéré pour les regroupements… Car quand on y réfléchit, les gosses, ce qu’ils aiment, c’est être vautrés, allongés, les fesses en l’air, les pieds qui gigotent. Ils ont besoin de pouvoir bouger, de changer de position, c’est quasi vital pour eux… Alors qu’est-ce qu’on attend pour cesser de contrarier leur nature et leur permettre d’être à l’aise pour apprendre !
Tais-toi, ne bouge plus, tourne-toi, arrête de trifouiller dans ta trousse, cesse de te balancer, de gesticuler, concentre-toi… C’est comme si on vous demandait de respirer une fois sur deux, de cligner des yeux toutes les dix-huit secondes précisément, et de suivre une conférence ardue en même temps sans en perdre une miette ! Une aberration. Toute leur énergie est mobilisée pour contenir leur agitation naturelle…
Le débat, je le lance régulièrement à l’école, comme ça, de manière informelle, histoire que l’idée fasse son chemin. Mes collègues pour la plupart adhèrent et reconnaissent l’incohérence de cette immobilité forcée, mais en ayant du mal à imaginer autre chose. Avec mes amies enseignantes les plus proches, les plus ouvertes aux changements, on reluque du côté des écoles alternatives qui regorgent de bonnes idées qu’on pourrait adapter. Bref, on y réfléchit. Mais il y a des résistances très fortes et les plus puissantes ne proviennent pas des enseignants mais des parents, et de la mairie (responsable de tout à l’école excepté de nos salaires, je le rappelle pour ceux qui l’ignorent). Autrement dit, si on devait virer les tables et les chaises et remplacer tout ce mobilier obsolète pour quelque chose de plus ergonomique, de plus adapté, c’est le conseil municipal qui validerait ou pas, et qui signerait le chèque. On ne fait pas ce qu’on veut, croyez pas.
Autre résistance, l’imaginaire collectif des parents. L’école, c’est comme ça, et pas autrement, puisque c’est ça que j’ai vécu petit, et que j’en suis pas mort. Bien-sûr… Pourtant il y a plein de choses que les humains ont vécu depuis des siècles, dont ils ne sont pas morts, mais qu’on a changé quand même. Cet argument est donc débile mais il est extraordinairement récurrent. En fait, ils ont peur qu’on utilise leur gamin pour des expériences foireuses, ce que je peux comprendre. Donc ils sont très contradictoires, ils trouvent que Montessori et Steiner, c’est génial, mais en même temps, ils réclament des pédagogies traditionnelles, ils vénèrent les « maîtresses à l’ancienne » qui ont fait leur preuve (de leur point de vue). J’envie mes collègues de maternelle qui ont les mains libres pour tester des choses sans pression sociale… C’est d’elles que viendront les changements de mentalité.
L’école va évoluer, on n’y coupera pas, et je m’en réjouis d’avance.
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