L’autre jour, j’ai demandé à une élève avec qui je bavardais ce qu’elle avait demandé au Père Noël dans sa lettre. Elle a haussé les épaules et m’a répondu un truc qui m’a laissée sulcul : « Je sais plus. » J’ai demandé à sa copine, pas mieux.
J’ai interrogé un autre loustic, mon Mister Centmillevolt, qui m’a débité sans ponctuation une liste interminable que j’ai stoppée avant de m’écrouler en PLS.
J’ai interrogé mon neveu et ma nièce que je gardais ces jours-ci, des jumeaux. Ils ont répondu « vingt-et-un cadeaux. » Chacun. J’ai fait wahou… et j’ai demandé lequel ils espéraient le plus. Lui est passé à un autre sujet, comme s’il s’en cognait la tintinnabule de ouf, et elle a répondu avec l’autorité qu’elle sait poser en toute chose : moi j’en veux beaucoup.
Je les revois quand ils étaient plus petits, la famille tout autour avec un verre à la main, et les deux qui ouvraient leurs cadeaux à toute vitesse, les jetaient derrière eux pour ouvrir le suivant sans même avoir regardé, la grand-mère qui insiste : « Oh mais regarde, ça c’est le Père Noël d’Amatxi, ça te plaît ? » Rien, nada, on passe au prochain paquet. Magie de Noël…
Moi j’avais offert un abonnement au théâtre du coin, pour eux et moi, quatre mercredis inoubliables, et rien sous le sapin. Je m’en étais drôlement félicitée. Bien-sûr, cette année, c’est un peu compliqué, l’abonnement spectacles… Alors j’ai pris des albums jeunesse. On n’en a jamais trop. D’ailleurs, cette année, j’ai fait une razzia chez mon libraire, bouquins pour tout le monde, je ne me suis pas éparpillée, j’ai gagné un temps fou et j’ai passé un moment merveilleux dans les rayonnages.
Je me demande, parfois, à qui on cherche à faire plaisir en les gavant comme ça, les p’tiots. Faudrait voir à cesser la surenchère, parce qu’elle est pathétique. Je sais que c’est difficile de bloquer la famille, j’ai pas fait mieux que les autres pour mes propres enfants… Tout le monde veut montrer son affection avec un paquet qui a l’air de kekchoz, mais finalement, c’est une vaste connerie. On en fait des éternels insatisfaits, des intolérants à la frustration, des petits cons, quoi. Mais franchement, c’est de notre faute.
