J’ai beau savoir que l’impact carbone est naze, que mon banquier est pas trop pour, que le voyage est d’abord dans la tête et dans les lectures, que chez soi c’est pas mal non plus quand même, et que je suis chanceuse avec ma vue sur les Pyrénées… J’ai beau savoir ça, me le dire, me le répéter, y’a pas moyen : j’ai les semelles qui démangent, le sac à dos qui frémit, les sunglasses qui grattent, le passeport qui soupire. L’envie de respirer ailleurs me talonne. Le désir d’aller voir si l’air est plus doux à Bruxelles, si la pluie est plus drue à Londres, si Barcelone a gardé son sourire malgré tout, si Lisbonne, si Florence, si Madrid… Et même, parfois, folle que je suis, si Montréal, si Moscou, si Dakar ou Alger, si Istanbul ou Melbourne, si São Paulo ou Abidjan, si Oslo, ouais, même Oslo, et même Dublin, aussi Dublin, et Berlin, Vienne, Zurich, Varsovie, et… et…
J’ai envie. De chercher mon chemin, de déchiffrer des menus en rigolant, de baragouiner mon anglais en souriant très fort et en agitant les mains, d’arpenter des rues qui résonnent d’autres langages, d’autres odeurs, d’autres saveurs. Je veux pousser des portes de musées que je ne connais pas, je veux payer avec des sous qui ne sont pas les miens, dormir dans des lits qui ne me reverront pas, croiser des regards qui pensent autrement, avec d’autres mots, une construction de pensée différente, d’autres réflexes, d’autres codes, d’autres ressentis, d’autres analyses du réel… Je veux frotter mon réel à celui des copains humains, ceux d’ailleurs.
Bon. C’est dit. Y’a plus qu’à.